Mémoire et Cerveau

Memory and Brain

Tabary Jean-Claude

2005

 

La Nature de la Mémoire

 

Le prix Nobel accordé à Eric Kandel en 2000, consacre une véritable révolution dans l'approche de la mémoire. Cette étude s'est déroulée depuis Simonide de Ceos, il y 25 siècles, sans qu'il y ait eu deux substantifs distincts pour caractériser la non-fixation mnésique d'une part, et la disparition secondaire de données fixées antérieurement d'autre part. Cela est probablement dû au fait que la mémorisation a toujours été considérée comme allant de soi, et que les seuls problèmes qui devaient se poser concernaient le rappel mnésique. Les théories psychanalytiques, comme Bergson, ont hérité de ce point de vue classique. Freud, dans sa tentative de décrire une neuropsychologie en 1895, reprend donc une position classique selon laquelle l’évocation des traces mnésiques doit seule poser problème. La psychanalyse traditionnelle, fidèle en cela au sens commun, considère que la mémorisation de la totalité du vécu va de soi. Cette attitude est évidemment indispensable pour que les difficultés de la remémoration puissent être attribuées à une amnésie (l'amnésie infantile notamment), une censure, un refoulement ou une résistance inconsciente.

 

C’est seulement avec les travaux de Frédéric Bartlett, entre 1920 et 1950, pratiquement inconnus en France, qu’est apparue une approche critique. « La remémoration n’est pas la ré-excitation de traces innombrables, fixées, sans vie et fragmentaires. C’est une construction imaginative, établie à partir de relations tirées de nos attitudes vis à vis de la masse active globale de réactions organisées passées, avec quelques détails marquants, apparaissant en images ou sous forme verbale. » La même idée fut reprise au symposium sur la mémoire de 1968, notamment par Piaget et Fessard. Piaget se fixait surtout sur le fait que les traces mnésiques sont forcément très limitées, et que l’essentiel de l’évocation du passé est en fait une construction actuelle, consciente, organisée à partir de traces limitées. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Il est manifeste que le fonctionnement des ordinateurs et l’étude expérimentale se conjuguent pour démonter que la fixation mnésique globale est impossible, sauf à admettre un dualisme corps/esprit qui accorde à l’esprit toutes les capacités que l’on souhaite, indépendamment des capacités cérébrales. L’exposé qui suit récuse cette solution de facilité qui crée plus de problèmes qu'elle n'en résout, notamment dans l'explication de troubles mnésiques d'origine manifestement organique.

 

---------------------------

 

I) Approche critique de l'hypermnésie

 

Bien que le mot soit plus souvent utilisé aujourd'hui dans un sens différent, on peut décrire sous le nom d'hypermnésie, la thèse de la fixation spontanée de la totalité du vécu. Cette approche a pu être qualifiée d'hypermnésie freudienne, car elle est mieux connue que les travaux de Bergson qui ne dépassent guère le cadre des philosophes. Or, d'un point de vue physique ou neurologique, l’hypermnésie apparaît impossible lorsque les capacités du cerveau sont prises en compte. L'appel fait à l'irréversibilité postulée par le deuxième principe de la thermodynamique pour défendre l'hypermnésie, n'a aucun sens. De plus, l'hypermnésie n'aurait aucun bénéfice fonctionnel. Elle est enfin inutile pour expliquer d'autres données envisagées par la psychanalyse comme les résistances inconscientes.

 

A) L'hypermnésie est matériellement impossible.

 

Le développement récent de l'informatique a permis de cerner quantitativement les exigences de la mémorisation, soulignant les inconséquences de l'hypermnésie.

Deux données sont particulièrement importantes :

 

1) la consommation de mémoire d'un souvenir ou d’un vécu, en "images", serait considérable. La mémorisation devrait porter sur les données brutes de l'aire visuelle primaire, soit au moins 1 pour cent du cortex cérébral, stockées quelques 10 fois par seconde. Le calcul en exigence de mémoire aboutit à des chiffres vertigineux. Un codage, notamment sous forme de discours, réduirait les exigences. Mais il faudrait alors prévoir un mécanisme inconscient préalable à la mémorisation dont rien ne vient dire qu'il existe. Ce mécanisme devrait évoluer avec l'acquisition du langage pour une transformation en termes de discours. Par ailleurs, l'analyse de la mémorisation verbale montre que très habituellement, nous sommes capables de mémoriser parfaitement le sens sans pour autant mémoriser les mots. Nous retenons l'intrigue d'un film sans être capable de rapporter la plupart des répliques. Pour qui connaît deux langues, la mémorisation du sens d'un livre se fait dans les termes de la langue la plus familière, même s'il est écrit dans l'autre langue. Il est donc manifeste que la mémorisation impose une compression des données avec sélection, perte d'information, et reconstruction consciente différente lors de l'évocation..

 

2) le développement récent de l'informatique permet de préciser les exigences de la mémorisation en termes quantitatifs. Dans un ordinateur familial, une case mémoire a exactement autant d'étendue que le centre opératoire de l'ordinateur, équivalent de la conscience (en considérablement plus réduit évidemment). Chaque opération nouvelle exige donc une case mémoire pour être mémorisée. Pour cette raison, un ordinateur présente facilement 20 milliards de cases mémoire, chacune étant d’une taille équivalente au champ opératoire. Le rapport entre l'étendue du champ opératoire et celle de la mémoire est donc de 1 à 20 milliards. Pourtant, cette mémoire serait saturée en quelques secondes si l'ordinateur devait mémoriser la totalité de son activité. Le fait de retrouver une case mémoire particulière parmi les autres, exige à elle seule une longue mobilisation du centre opératoire. En pratique, l'ordinateur ne mémorise qu'une infime partie de son activité. Le reste est définitivement "oublié" ou plus exactement non fixé, et la mémorisation doit être le résultat d'une "décision" de mémoriser, dans un but précis. A titre d'exemple, dans un moteur de recherche sur un mot, l'exploration des quelques millions de rubriques qui ne contiennent pas le mot, n'est pas mémorisée. Seul est fixé le caractère positif de l'exploration sur quelques dizaines de fichiers qui contiennent le mot de référence.

 

Une telle comparaison avec le cerveau conserve évidemment son sens lorsqu'on approche une mémorisation inconsciente. Même une version approchée d'hypermnésie exigerait un cerveau pratiquement réduit à des cases mémoires. Chacune des cases devrait avoir une taille considérable. Il faudrait plusieurs cases mémoires pour chaque seconde du vécu. C'est un point de départ inacceptable.

Il faut donc accepter la réalité de l'oubli vrai, traduisant une non-fixation mnésique initiale, et pas seulement un effacement secondaire des traces.

 

B) L'hypermnésie n'apporterait aucune bénéfice comportemental.

L'oubli de non fixation a de plus une valeur positive essentielle puisqu'il gomme le contingent, ce qui est le seul moyen de repérer et dégager l'essentiel. Une mémoire sans oubli ne servirait à rien, doublant simplement le vécu à la façon d'une carte postale. R.L. Stevenson a écrit : "J'ai une très bonne mémoire pour oublier". L'oubli est notamment indispensable à la création du schème piagétien, indépendant et permanent : le schème ne devient aisément mobilisable qu'après oubli des conditions de son acquisition.

 

C) L'hypermnésie n'est nullement nécessaire pour expliquer certains supposés psychanalytiques comme la censure ou les résistances inconscientes.

Dès lors que l'oubli vrai par défaut de fixation, la notion de censure perd toute valeur explicative. Par ailleurs, toute donnée mémorisée alors que les conditions de son acquisition sont oubliées, donnera naissance à des résistances inconscientes, sans qu'il soit nécéssaire de rechercher plus loin une explication.

 

D) La mémorisation qui permet le souvenir, est un processus coûteux qui peut demander plusieurs heures d'activité cérébrale intense pour un vécu de quelques minutes. De plus, cette dernière activité serait mémorisée à son tour, en une boucle sans fin. Si tout le vécu devait être mémorisé, il y aurait rapidement encombrement au portillon

 

L'hypermnésie freudienne doit donc être récusée, et, avant d'envisager la fixation et le rappel d'un souvenir, un certain nombre de questions auraient donc dû être posées, applications directes du rejet de l'hypermnésie :

 

-pourquoi certains aspects privilégiés du vécu sont-ils mémorisés, et les autres ne le sont pas ?

C'est là une question essentielle. Une sélection au hasard des données à mémoriser, est impossible à concevoir, et ne serait que nuisible. Une sélection par répétition ne s'applique qu'aux habitudes et n'a certainement pas la valeur universelle d'explication que lui voulaient les théories du conditionnement classique. Elle laisse de cçoté la mémrisation du fait unique, la plus fondamentale, notamment pour le souvenir. Ne demeure que l'hypothèse d'une "décision" précisant ce qui doit être mémorisé.

 

Ce point de vue est totalement révolutionnaire, mais il est largement étoffé par des données expérimentales. Ce fut d'abord vers 1930, l'effet "Zeigarnik": les tâches dont l'issue demeure en suspens, sont mieux mémorisées que les tâches terminées avec succès. C'est surtout aujourd'hui la mise en évidence expérimentale des mécanismes de la mémoire.

 

Comme le suggère l'effet Zeigarnik, il ne faut pas confondre décision et conscience de la décision. Il est rare et sans grand intérêt de constater un sentiment conscient de la nécessité de mémoriser en dehors de l'apprentissage du par "cœur"  Les rapports avec la conscience sont en fait moins directs. Les sentiments conscients de rupture par rapport aux habitudes, d'échec ou de tâches inachevés sont essentiels, mais la décision de mémoriser elle-même est le plus souvent inconsciente.

En revanche, un fait final essentiel apparaît : la mémorisation est fonction de la réflexion consciente du sujet sur le vécu. En dehors d'un effet limité de répétition, la mémorisation est sous le contrôle du fonctionnement conscient. N'est mémorisé que ce qui est jugé important, et ce jugement de l'importance est relatif, entre autre, à ce qui a été antérieurement mémorisé. C'est notamment la construction préalable par l'expérience, d'une géométrie représentée qui permet de situer la fixation mnésique d'un événement, en lui donnant un caractère biographique L'amnésie relative de l'enfant de moins de six ans d'âge mental, s'explique ainsi d'elle-même.

 

-quelles sont les conséquences de la fixation d'une part très limitée d'un événement ?

Il y a plutôt des aspects positifs. Au niveau d'un événement particulier, le contingent est négligé et l'essentiel est souligné, ce qui entraîne un gain de signification du contenu mnésique. Sur un plan général, les événements sans importance sont négligés, ce qui renforce l'importance des événements importants mémorisés. Les souvenirs évocables sont donc très fortement sélectionnés. Rien ne permet de retrouver ce qui a été vécu sans être mémorisés, ce qui inclut tout le vécu dont le sujet, pour une raison ou une autre, n'avait pas perçu l'importance.

 

-quelles difficultés interviennent obligatoirement dans le rappel ?

 

Le rappel d'un événement ne peut concerner que la façon dont l'événement a été évalué par le sujet. Il est donc nécessairement subjectif et biaisé, notamment lorsque les processus d'analyse ont évolué entre la mémoration et la remémoration. Dès lors, c'est la cohérence entre les traces dissociées qui devient le principal critère d'adéquation entre le vécu et le souvenir.

 

En définitive, la théorie des trois neurones que Freud considérait comme un fondement de la théorie psychanalytique se trouve donc révoquée au même titre que l'hypermnésie.  Cette conception de neurones spécifiquement consacrés à la mémorisation, est explicitement rarement évoquée en tant que telle aujourd'hui, mais elle est acceptée implicitement par l'approche psychanalytique, dès lors qu'il est admis un système indépendant conservant l'expérience passée, et distinct du système évaluant le présent. L'une des acquisitions les plus fondamentales de la neuropsychologie est de récuser l'existence d'un système indépendant de fixation du passé.

 

--------------

 

II) Rappel anatomique :

 

Dans le conflit opposant les spécialistes du système nerveux vers les années 1890, Freud avait résolument pris parti pour un réseau de petits éléments interrompus, les neurones, et il décrivit lui-même le neurone en T. Le progrès des connaissances lui a donné totalement raison quelques années plus tard et Sherrington a donné le nom de synapse à la communication à sens unique entre deux neurones. Mais seul le microscope électronique, devenu d'usage courant après 1950, a permis de préciser les détails anatomiques des synapses, et de bien décrire la plasticité cérébrale indispensable à la mémoire.

 

Il n'est guère contesté aujourd'hui, qu'à quelques exceptions près, le nombre total de neurones, de l'ordre de 100 à 200 milliards, est définitivement établi au sixième mois de grossesse, avec un emplacement précis, immuable, globalement identique d'un individu à l'autre. Un nouveau neurone provient de la division d'un neurone plus ancien, et il n'a été observé aucune division de neurones chez les plus grands prématurés. Sur ce plan, il y a donc fort peu de plasticité possible pour expliquer la mémorisation.

 

En revanche les systèmes synaptiques sont plastiques. Certains contacts disparaissent, d'autres apparaissent tout au long de la vie. Un contact synaptique existant peut être plus ou moins facile à franchir. C'est indubitalement à ce niveau que s'établit la mémorisation, et les modifications synaptiques ont pu être observées directement après une activité de mémorisation. Mais plus précisément, ce sont les synapses des neurones des aires cérébrales assurant directement le comportement, neurones de l'intégration perceptives et neurones de l'action motrice, qui supportent également et conjointement la mémorisation, mémorisation d'apprentissage ou mémorisation du souvenir. C'est alors la façon dont sont utilisées les modifications synaptiques qui différencie seule entre eux, l'activité comportementale actuelle, la représentation, l'apprentissage et le souvenir. Le système freudien des 3 neurones est donc récusé.

 

 

 

L'aire pré-frontale 4 est à l'origine de toute activité motrice. Elle s'éclaire spécifiquement chez l'homme, au PET (Tomographie avec Emission de Positron) pour une action particulière du sujet. Elle s'éclaire de façon identique lorsque le sujet se rappelle ou lorsqu'il se représente une activité motrice comparable. Chez l'animal, Merzenich a dressé des singes à faire tourner un disque de nombreux jours, avec les seuls doigts 2 et 3. Il a constaté ensuite un élargissement spécifique de la partie de l'aire 4 consacrée à ces deux doigts, sans cependant de variation du nombre de neurones..

De même, l'aire temporale externe, qui est le support final de toute activité visuelle perceptive, s'éclaire spécifiquement et également au PET, lorsque le sujet perçoit un objet particulier, lorsqu'il est prié de se rappeler, ou encore de se représenter cet objet particulier. En présentant à des singes des couples de dessins appariés A et B, des auteurs japonais ont montré qu'après un long apprentissage, un neurone de l'aire temporale externe qui répondait initialement au seul dessin B, répondait ensuite tout aussi bien au dessin A, expliquant l'appariement appris.

 

La preuve d'une certaine neurogenèse à l'âge adulte, est venue récemment semer le trouble dans un schéma sans doute exagérément simplifié. Les travaux de plusieurs auteurs, notamment E. Gould et F. Gage,  ont démontré la formation de nouveaux neurones, notamment dans l'hippocampe. Il semble que ces neurones puissent migrer et s'intégrer dans une trame préexistante. Il s'agit d'interneurones qui respectent l'architecture principale. A ce jour aucune publication n'a envisager d'accorder un rôle essentiel à ces nouveaux neurones dans la fixation mnésique.

 

Remarque : L’analyse du support neurologique de la mémoire introduit un point essentiel en opposant la stabilité de l’architecture neuronique, et la plasticité des connexions :

 

-la disposition architecturale des neurones est précise, stable au cours de la vie, insensible aux effets de mémoire sous toutes leurs formes. Elle est totalement déterminée, aux séquelles neurologiques près, par les déterminations génétiques communes à l’espèce ou propres à l’individu. Elle détermine les capacités comportementales et l’enveloppe des conduites possibles. En l'absence de cette stabilité, il ne pourrait pas y avoir de mémoire synaptique car la valeur fonctionnelle d'une synapse changerait.

 

-la plasticité des connexions synaptiques ne peut absolument introduire qu’un facteur quantitatif, certaines liaisons interneuroniques devenant simplement plus faciles, d’autres plus difficiles. Quand il n’y a pas d’effets en cascade, ce qui est le cas pour les espèces animales à organisation neurologique relativement rudimentaire, les modifications comportementales possibles sont assez limitées. Dans les espèces plus complexes et notamment chez l’homme, les modifications d’une première étape préparent le terrain pour des modifications en cascade d’étapes successives. Les progrès peuvent être alors considérables mais doivent nécessairement être conçus dans une perspective constructiviste, où la poursuite de l’activité change perpétuellement de significations en fonctions des mémorisations passées, donnant un sens nouveau aux mémorisations à venir. (Par exemple, la mémorisation des particularités phonétiques du parler des différentes personnes de l’entourage, permet l’acquisition de la compétence phonétique. Celle-ci enrichit les interconnections verbales sur le plan musical, et prépare le lien signifiant/signifié arbitraire. L’enrichissement du lexique permet ensuite la structuration logique du discours.)

 

-un neurone ne fait que transformer le potentiel post-synaptique en potentiel d’action. Pour un même neurone, le potentiel d’action a toujours la même forme et la même intensité. C’est donc l’ensemble des synapses, déterminant le potentiel post-synaptique qui détermine seul l’activité d’un neurone. Les modifications par le vécu sont donc totalement supportées par les variations synaptiques.

 

-----------------

 

III) Etude expérimentale.

 

Au total, la mémoire traduit la modification partielle d'un comportement préexistant, qu'il s'agisse d'un apprentissage ou de l'évocation d'un souvenir.

 

-dans le cas de l'apprentissage, il y a une amélioration des conduites. Cependant, conduites et améliorations n'existent pas en permanence dans le cerveau, et doivent être construites dans l'instant. Il y a toujours un temps d'actualisation, ne serait-ce qu'en raison de la nécessité d'intégrer la conduite décidée, dans un environnement particulier. Cette remarque vaut encore plus pour le souvenir.

 

-dans le cas du souvenir, un récit doit être construit consciemment dans l'instant à partir de données ponctuelles, faisant largement appel aux activités opératoires présentes, à la façon dont l'archéologue construit la vie dans une ville ancienne, à partir des tessons de poterie retrouvés, ne pouvant faire mieux qu’espérer une construction correspondant à une vie passée « réelle », et en considérant que la façon dont les tessons ont été formés, est définitivement perdue. Cette construction se fait le plus souvent par étapes successives, soulignant le travail de cohérence logique consciente dans la mémorisation. Seule la décision qu'il s'agit d'un souvenir, le différencie de toute autre construction imaginaire, et il ne faudrait pas négliger le fait qu'à l'inverse, l'imagination porte le plus souvent sur des données apprises.

Il n'y a donc pas de souvenirs permanents, pas de fixation mnésique en tant que telle d'un épisode vécu. Nous pouvons seulement construire un ensemble de représentation dont nous avons des raisons sérieuses de penser qu'il traduit correctement un vécu. La qualité de la reconstitution d'un vécu est nécessairement dépendante de la cohérence logique de l'individu, et elle est ouverte à toutes les modifications possibles, notamment celles introduites par la relation psychothérapique.

Il est par ailleurs presque impossible de faire la différence entre le souvenir direct d'un vécu et le souvenir de l'évocation ultérieure de ce vécu.

 

La décision qui replace une activité imaginaire actuelle dans le passé, est un processus indépendant des traces mnésiques elles-mêmes. Il peut échapper ou être porté à tort en cas d'un trouble de mémoire (ecmnésie ou impression à tort de déjà vécu, paramnésie ou fausse reconnaissance), ou encore normalement chez le jeune enfant qui ne sait pas établir une chronologie de son vécu, distingue mal de ce fait l'imaginaire et le réel. Par ailleurs, des erreurs peuvent aisément s'insérer dans le travail de construction qui met en place le souvenir. Il y a donc seulement en permanence des aiguillages préférentiels nouveaux qui résultent des effets de la mémoire ; ils permettent une construction cohérente, mais ne résument pas le récit mémorisé. L'absence de circuits mnésiques permanents complets explique les difficultés de remémoration, y compris celles signalées par Freud lui-même en 1898, pour s'y retrouver entre Munchen, Monaco et Monténégro.

 

Le point de départ des données actuelles sur la mémoire est le célèbre patient dénommé H.M. Pour tenter de stopper une épilepsie dont l'origine neurologique avait été localisée, ce patient subit en 1953, l'ablation bilatérale de la face interne du lobe temporal, contenant une région appelée hippocampe.

On s'aperçut alors :

-que H.M. avait conservé la mémoire des faits anciens et ses capacités opératoires.

-qu'il avait perdu la capacité de fixer le vécu actuel au-delà d'une demi-heure et encore, à condition de ne pas être distrait entre temps.

-qu'il avait conservé des possibilités d'apprentissages même difficiles, de façon comparable à un sujet indemne ( tracé dans une étoile à contour double observée dans un miroir (fig), chansonnette parlée)

Sous la direction de Brenda Milner, H.M. fut l'objet d'explorations systématiques, et à l'époque aucun article scientifique sur le cerveau ne fut davantage cité que ceux de Brenda Milner. D'autres cas comparables suivirent, où une ablation temporale unilatérale fut pratiquée sans prendre garde que l'autre lobe temporal n'était pas fonctionnel. Par ailleurs, on sait aujourd'hui que la maladie d'Alzheimer débute par une amnésie des faits récents du fait que les hippocampes sont les premiers touchés par l'affection.

 

C'est parce qu'il fut très impressionné par le cas H.M., qu'Eric Kandel qui se destinait à une formation de psychanalyste, entreprit les études expérimentales sur la mémoire chez les organismes inférieurs, études qui débouchèrent sur un prix Nobel en 2000.

Parallèlement, une colossale expérimentation animale fut entreprise :

-sur la limace de mer par Kandel lui-même, car les neurones y sont gros et peu nombreux, facilement repérables

-sur la drosophile, se prêtant au conditionnement et à l'étude de lignées mutées

-sur la souris qui possède des hippocampes et permet également l'étude de lignées mutées. Il est possible de découper une tranche du cerveau de souris, et la faire fonctionner isolément de nombreux jours dans un milieu nourricier qui remplace l'irrigation sanguine. Il est possible alors d'effectuer des stimulations, de suivre des circuits, d'apprécier l'action de modulateurs comme la dopamine ou la sérotonine.

 

La concordance est totale entre les différents travaux, portant sur les animaux et sur l'homme. Cela permet de définir avec précision de nombreux aspects distincts de la mémoire :

 

-la mémoire immédiate, très labile, ne durant pas plus de quelques secondes et ne contenant pas plus de 7 unités d'information (shunk ou copeau) chez l’homme. La mémoire immédiate est en fait la limite spatio-temporelle du champ de conscience instantanée. Elle est une fenêtre très réduite sur l'activité cérébrale, mais cette fenêtre peut être dirigée là où le sujet le souhaite.

Les propriétés de la mémoire immédiate soulignent les infirmités de la conscience : la nécessité d'une activité en série par images successives, et du recours à l'inconscient. Elles permettent justement de mieux comprendre la distinction entre conscience et inconscient.

 

 

 

Fig : siège de l'hippocampe

 

L'inconscient pulsionnel ne représente qu'une infime partie de l'inconscient global qui recouvre la quasi-totalité de l'activité cérébrale. Mais l'inconscient, pulsionnel ou non, n'a ni valeurs propres, ni réversibilité, ni capacités de décision, ni mémorisation indépendante. "L'inconscient est capable peut-être de fournir une solution. Mais de s'assurer qu'elle est bonne, mais de poser le problème, non (P. Valéry)."

 

 

.

Fig : A gauche, l'étoile vue dans un miroir. A droite, le nombre d'erreurs (dépassement du trait de crayon) commises par H.M. diminue régulièrement.

 

-la mémoire de travail prolonge la mémoire immédiate et détermine le temps pendant lequel une donnée acquise peut être rappelée aisément. Cette mémoire peut persister 30 ou 40 minutes, mais elle est très sensible à la distraction. Elle est liée à des modifications chimiques non fixées. A terme, l'oubli est total comme le montre l'observation H.M, rejointe par l'expérimentation animale, si la mémoire de travail n'est pas relayée par une mémorisation à long terme..

 

-la mémoire à long terme peut venir normalement confirmer et fixer la mémoire de travail. Elle peut porter sur un apprentissage ou sur le souvenir.

 

Certaines particularités sont communes à l'apprentissage et au souvenir à long terme :

 

-un long délai est exigé, plusieurs heures au minimum, pour mettre en place la mémoire à long terme, même celle qui concerne un événement de quelques secondes. Rien que pour cette raison, il est facile de comprendre à quel point la mémoire à long terme est nécessairement sélective. Pendant la période initiale, un choc peut empêcher la fixation ultérieure. Ainsi s'explique l'amnésie sur le vécu très récent qui accompagne les traumatismes crâniens violents.

Inversement, la "réminiscence", amélioration de la fixation mnésique durant le sommeil pour les données acquises le soir, est indiscutable. Il y a intérêt à apprendre ses leçons le soir plutôt que le matin.

 

-il y a nécessité d'une véritable synthèse tissulaire avec modification et multiplication des synapses. Si un animal a acquis une conduite nouvelle en mémoire de travail, la prise d'un antibiotique empêchant les synthèses tissulaires, supprime toute mémoire à long terme. Chez l'homme, les anxiolytiques dérivés du valium ont un effet moins drastique, mais perturbent néanmoins la fixation mnésique à long terme.

Inversement, la drosophile peut acquérir un conditionnement durant 24 heures, après une seule expérience, ce qui donne un sens entièrement renouvelé au conditionnement.

 

En revanche, d'autres points opposent la mémoire à long terme d'apprentissage et la mémoire de souvenir. Les structures neurologiques qui les permettent ne sont pas les mêmes chez les mammifères :

 

-la mémoire d'apprentissage passe par le cervelet et les noyaux gris centraux avant de se fixer sur le cortex cérébral. C'est la mémoire des faits qui se répètent de nombreuses fois à l'identique

 

-la mémoire de souvenir passe par les hippocampes. C'est la mémoire du fait unique, qui ne se répète pas, mais qui est jugé important. L'hippocampe entretiendrait une activité mimant le fait unique, et réaliserait la répétition qui marque la mémoire d'apprentissage.

 

La différence entre mémoire-apprentissage et mémoire-souvenir n'est pas toujours évidente à première vue, mais les résultats sont prévisibles et identiques lorsqu'on compare un amnésique humain type H.M. et un sujet indemne, ou lorsqu'on compare des mammifères sains et des animaux porteurs de lésions.(fig)

 

Au total, quatre points doivent être approchés :

 

-pourquoi la mémoire souvenir se concentre-t-elle sur certains épisodes et négligent les autres ?

La réponse vient de ce que l'hippocampe est normalement inactif, et mis en activité par une structure voisine, l'amygdale temporale (rien à voir avec les amygdales du fond de la gorge). L'amygdale est elle-même mise en jeu par une appréciation affective d'éveil, lorsque les mécanismes ne fonctionnent plus d'eux mêmes : la peur, la joie mais aussi, et probablement plus encore, la perception de nouveauté ou d'insolite, l'échec imprévu d'une conduite, tous les cas où une réorientation des conduites paraît nécessaire. A la notion d'angoisse de la problématique freudienne, la neuropsychologie substitue la réaction d'éveil qui ne comporte pas obligatoirement une tonalité pénible et peut traduire simplement l'étonnement ou la surprise. Jusqu'à un certain point, plus la réaction d'éveil est forte, plus l'amygdale et l'hippocampe se mobilisent. Il semble cependant que si l'éveil est très accentué, en cas de panique par exemple, la mise en jeu de l'hippocampe est inhibée, comme si la modification de conduite pour demain devait céder la place à la seule adaptation possible pour aujourd'hui.

 

Fig : Dans l'étude de Packard, un rat est placé au centre d'une boîte à 8 sorties et cherche sa nourriture dans les allées. Dans l'étoile de gauche, il y a de la nourriture dans les 8 branches. Le rat est puni s'il s'engage à nouveau dans une allée déjà visitée. Le rat apprend à ne visiter qu'une fois chaque allé. L'apprentissage est gravement altéré par une lésion de l'hippocampe, alors qu'une lésion des noyaux gris centraux n'a aucun effet sur les performances. Dans l'étoile de droite, le rat apprend à ne s'engager que dans les allées éclairées. L'apprentissage est gravement altéré par une lésion des noyaux gris centraux, alors qu'une lésion de l'hippocampe n'a aucun effet sur les performances. Dans le premier cas, le rat doit se souvenir des allées qu'il a déjà visité, alors que la mémorisation des événements est inutile dans le second cas.

 

 

-en quoi la mémoire souvenir est-elle, ou n'est-elle pas, la reconstitution fidèle d'un événement passé authentique ? D'un point de vue phylogénétique, il est probable que la mémoire de souvenir est la manifestation ultime d'une adaptation des conduites aux modifications d'environnement. "Mémoriser, ce n'est pas rejouer un disque immuable, c'est utiliser aussi bien que possible dans la distribution de l'information incidente les formes spatio-temporelles qui avaient antérieurement permis le déclenchement d'un certain programme d'action ou d'évo­cation mentale ; et, pour cela laisser se faire des choix entre plusieurs séquences possibles, aiguillées, croyons-nous par des opérations de reconnaissance de formes, avec les risques d'erreurs ou de confusions que cela comporte. (A. Fessard, 1968)". L'intérêt du souvenir est de formuler une hypothèse sur les causes hier, pour permettre une meilleure orientation des conduites aujourd'hui. Le fait que la reconstitution historique parfaite soit impossible, n'est donc nullement crucial. Ce que nous mémorisons, ce n'est pas l'événement objectif, même stylisé ou condensé, ce sont uniquement des traces de notre propre réaction, en fonction de notre propre estimation et selon notre propre système d'enregistrement, tout cela dans le but d'une amélioration des conduites ultérieures. Avant même les travaux de Piaget chez l'enfant, Carmichael (1932) avait montré combien il est aisé "d'orienter" le souvenir.

 

-l'explication freudienne de l'amnésie infantile est fausse mais le fait lui-même est relativement vrai. La mémoire souvenir du jeune enfant est plutôt eidétique, limitée à une image, visuelle ou auditive, plus ou moins riche, complètement dépourvue de repères temporels et spatiaux extérieurs. Cette image ne peut donc pas s'intercaler dans un récit et recevoir une signification déroulante ; il n'y a donc pas de récits complexes dans le jeune âge, et c'est cela qui donne une apparence d'amnésie. En revanche, la mémorisation hippocampique est tout à fait possible, vraisemblablement dès la naissance. C'est le progrès de la géométrie spontanée de l'enfant qui permet seule, vers cinq ou six ans, de commencer à construire des récits, puis de les relier entre eux pour une représentation du passé.

 

-les résistances inconscientes ne demandent pas nécessairement un inconscient dynamique. Nous mémorisons un résultat généralisable et nous ne fixons pas les circonstances de l'acquisition. Nous mémorisons le mot "porte" et non les circonstances qui nous ont permis d'en comprendre le sens. Nous mémorisons le mécanisme de la division, et non les circonstances d'apprentissages de la division. De ce fait, nos opinions sont des maisons construites sur du sable. "Nos vérités ne sont qu'une troupe mobile de métaphores qui, après un long emploi, sont tenues pour solides, canoniques et fiables : ce sont des hypothèses dont nous avons oublié qu'elles sont telles (Nietzsche)". Entre deux personnes qui ont un système de valeurs différent, chacune aura l'impression que l'opposition de l'autre est injustifiée, et considérera que seule une "résistance inconsciente" l'empêche d'être convaincu. La confrontation avec les vérités des autres est la façon la plus immédiate d'effectuer une correction sur ses opinions, ce qui souligne la véritable valeur thérapeutique du discours chez l'adulte et l'enfant évolué.

 

-l'entretien inconscient de l'ajustement mnésique. Aucune étude ne semble avoir été faite sur ce point pourtant cliniquement essentiel. Une fois que la recherche d'un souvenir débute et qu'elle échoue, il y a des indications qu'elle peut se poursuivre de façon inconsciente. Ainsi, un nom propre inaccessible dans l'instant présent, est souvent évoqué avec facilité quelques minutes ou heures plus tard. Il pourrait s'agir d'un « encombrement initial », mais peut-être la recherche se poursuit-elle sous la conscience. On peut penser que ce serait alors l'éveil de l'hippocampe qui se prolongerait en raison de l'absence de solution, sans prise de conscience. Le point est surtout à signaler lorsqu'un sentiment de tension émotive se prolonge alors que motif n'est plus conscient.

 

----------------------

 

IV)Mémoire et psychothérapie

 

Avant même que les progrès de l'informatique aient pu chiffrer les exigences en mémoire, du souvenir-image, Piaget postula que la fixation mnésique ne pouvait contenir que quelques traces qui devaient être reprises dans un processus opératoire actuel pour reconstituer le souvenir-image au présent. C'était la seule explication pour rendre compte que chez l'enfant, les souvenirs-images se modifient avec les progrès de l'activité opératoire. La conclusion implicite est que la trace isolée ne peut avoir d'influence permanente sur le fonctionnement psychologique. L'influence n'apparaît qu'après la reconstruction consciente du souvenir-image.

 

Cette façon de voir le fonctionnement de la mémoire-souvenir se trouve totalement confirmée aujourd'hui. Prenons l'exemple d'une personne reconnue à laquelle est attachée de façon stable et fixée, une connotation négative. Cette connotation est en quelque sorte "endormie" tant que la personne n'est pas évoquée, et ne peut créer aucune réaction émotionnelle. En revanche, l'évocation de la personne "réveillera" automatiquement la connotation négative, ce qui créera une réaction émotive.

 

Empruntons à Freud lui-même le sentiment de culpabilité relié au décès de son jeune frère, Julius. La jalousie liée au partage de l'affection de sa mère, est un sentiment primitif qui peut naître très précocement et qui est également observé chez l'animal. Ainsi, Sigmund a pu relier Julius à une connotation négative En revanche, le sentiment de culpabilité exige la construction préalable de la distinction entre intentionnel et non intentionnel, l'apparition du sentiment de responsabilité subjective, ce qui ne se fait guère avant huit ou neuf ans. C'est donc après coup, que la connotation négative s'est transformée en sentiment de culpabilité. Il est même vraisemblable que la connotation négative initiale ait été oubliée, et reconstituée ensuite à partir de comptes rendus des parents, alors que ces comptes-rendus étaient eux-mêmes oubliés. On peut penser également que le système de valeur construit par Freud lui-même après 1896 a joué un rôle majeur. Quoiqu'il en soit, le sentiment de culpabilité s'est irrémédiablement détaché des circonstances et a survécu pour lui-même. L'efficacité d'une psychothérapie de Freud n'aurait nullement dépendu de la prise de conscience de souvenirs inconscients demeurant très imprécis, mais d'une remise en cause du système de valeur, passant par la répétition du discours.

 

Remarque : Le schéma piagétien de l'intervention de l'opératoire actuel dans l'utilisation des traces mnésiques, s'applique totalement à la mémoire phylétique, comme Piaget l'avait lui-même pressenti. Bien plus, la formation du nouveau-né à partir des traces mémorisées, laissées par le vécu antérieur des espèces, constitue un des meilleurs exemples de la façon dont se réalise une mémoire de récit :

-la trace fixée est le gène qui a peu à faire avec les événements qui ont conduit à sa sélection.

-l'activité du gène notamment est sans rapport direct avec l'un ou l'autre de ces événements considérés isolément puisque cette activité est limitée à la synthèse d'une protéine qui, le plus souvent, a pour effet de favoriser certaines réactions biochimiques, sans signification en dehors d'un contexte.

-chaque gène peut être "endormi", inactif ou au contraire "ouvert", actif. Une fois le gène ouvert, son action dépendra de l'état global de la cellule à laquelle il appartient.

 

C'est l'état de la cellule, et en fin de compte son environnement qui établit initialement les gènes actifs et non actifs. Par la suite, c'est le fonctionnement même de l'embryon qui ouvre et ferme les gènes. La régulation logique du récit est remplacée par le succès des étapes successives. Ainsi, des traces indépendantes peuvent, si les conditions sont favorables, assurer à elles seules par leur action conjointe, l'évolution de l'œuf vers un individu constitué prévisible. Par une démarche totalement différente, le savant peut chercher à établir pourquoi tel ou tel gène a été sélectionné, et quelle modification il introduit au cours de l'élaboration de l'individu.

 

---------------

 

 

 

 

Pour terminer, je voudrais faire deux citations, puis évoquer un livre récent :

 

Joe Ledoux, auteur de "Neurobiologie de la personnalité", (en anglais "Synaptic-self" !!) (éditions Odile Jacob, 2003)

"Beaucoup de systèmes engagés dans l’apprentissage implicite fonctionnent inconsciemment, non parce qu’en raison d’un grand dessin, certains côtés de notre vie mentale devraient être cachés au soi sensible, mais simplement parce que leur exécution n’est pas accessible au cerveau conscient. " (commentaire personnel : indirectement l'état d'une synapse est transmissible à la conscience, mais pas les événements qui expliquent la synapse et son état)

 

Larry Squire et Eric Kandel auteurs de "Memory, from mind to molecules" (éditions de Scientific American, 1999) .

Contrairement à la pensée psychanalytique classique où l’interprétation et les aperçus conscients sont considérés comme les clefs du processus psychothérapique, l’efficacité de la rencontre ne dépend nullement de la prise de conscience de données inconscientes. L’efficacité tient aux modifications durables du comportement par un élargissement de l’étendue des stratégies du patient pour faire, pour être et pour interagir avec les autres. " ( Le coaching et la résilience doivent remplacer le divan et l'interprétation, et permettre la reconversion des thérapeutes)

 

Avec réserve, je citerais l'ouvrage d'Ansermet et Magistrati ,

"A chacun son cerveau, plasticité neuronale et inconscient"(édition Odile Jacob, octobre 2004) qui démontre qu'un psychanalyste, professeur de pédopsychiatrie en faculté et chef de service d'une unité de psychiatrie de l'enfant, a compris la nécessité de prendre en compte les données récentes concernant les mécanismes de la mémoire, même si les conséquences qu'il en tire, peuvent paraître très discutables.